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Peugeot 204/304 Coupé et cabriolet : parfum de nostalgie !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 27 juil. 2022Aujourd’hui j’ai décidé de reparler des 204 et 304 Coupés et Cabriolets, pas totalement satisfait par mon premier coup d’essai (qui restait concentré sur la seule 204, lire aussi : Peugeot 204 Coupé et Cabriolet). Conscient qu’il restait encore beaucoup de choses à dire, j’ai décidé de revoir ma copie, en l’élagissant aux 304. Car si la berline 304 était une évolution de la berline 204, censée être plus grande et plus statutaire avec notamment une malle arrière rallongée et un moteur de plus forte cylindrée (les deux modèles cohabiteront dans la gamme entre 1969 et 1976), le coupé et le cabriolet n’étaient pour le coup pas autre chose que des 204 Coupés et Cabriolets restylés façon 304, et dotés du nouveau moteur. D’ailleurs, les 304 CC (pardonnez-moi cet anachronisme simplifiant l’écriture) remplaceront tout bonnement les 204 CC en 1970.
Mais pour mieux comprendre ces modèles (coupé et cabriolet, 204 et 304!) revenons au début des années 60. Car si aujourd’hui on connaît l’histoire de l’absorption de Citroën par Peugeot, puis le rachat de Chrysler Europe (lire aussi : Le rachat de Chrysler Europe), à l’époque, la marque au lion n’est que le 4ème constructeur français, derrière Renault, Citroën, Simca et devant Panhard (qui appartient alors totalement à Citroën).
Peugeot, c’est la bourgeoisie de province, une certaine austérité, une robustesse reconnue mais sans originalité technique ni stylistique (malgré l’apport non négligeable du talent de Pininfarina), et une gamme relativement restreinte. Difficile d’imaginer que, lorsque les ingénieurs planchaient sur la future 204, Peugeot ne possède que deux modèles dans sa gamme : la 403 (qui n’est plus produite qu’en berline) et la 404 (en berline, break, coupé et cabriolet, lire aussi : Peugeot 404 Cabriolet), des véhicules de bonne taille restés fidèles à la propulsion.
Pompidou, amateur de voiture, roule en 204 Coupé !Il devient évident pour la direction de Peugeot d’élargir la gamme vers le bas, et d’offrir un peu de modernité, sous peine de disparaître corps et biens ! C’est dans ce but qu’est lancé le programme D12, qui aboutira à la présentation officielle de la 204 en 1965. Si le style reste classique, la petite berline innove sur bien des points sur ce segment de marché : traction avant donc (une première pour Peugeot), moteur transversal en alliage léger, freinage à disques à l’avant, et 4 roues indépendantes. C’est peut-être un détail pour vous mais à l’époque ça voulait dire beaucoup ! Petit à petit, la 204 va s’imposer sur un marché français concurrentiel, jusqu’à devenir le modèle le plus vendu en 69, 70 et 71 (et ce malgré la sortie de sa sœur 304 en 1969).
Mais revenons à nos Coupés cabriolets. Puisque Peugeot s’engage dans une certaine révolution, et que l’heure est à l’enthousiasme avec une France qui se modernise et s’enrichit dans un climat joyeux (les yéyés), pourquoi ne pas pousser la logique jusqu’au bout en déclinant cette nouvelle petite berline en des déclinaisons plus ludiques, tout comme la grande sœur 404 ? Dès le départ sont donc prévues une version cabriolet 2 places et une version coupé 2+2. C’est en septembre 1966 que ces deux modèles sont présentés sur un empattement réduit de 29 cm. Cette fois-ci, le design n’est pas italien mais bien du au bureau de style Peugeot. Le cabriolet, à la ligne épurée et gracieuse, est ultra séduisant, tandis qu’un hard top était proposé en option. Le coupé lui, inaugure chez Peugeot le hayon, et offre une image dynamique. Les deux modèles disposent du même moteur que la berline essence, le 1,1 litres de 55 ch, tout en offrant de meilleures performances, le tout en restant dans des tarifs contenus (à peu près 20 % plus cher que la berline), une sacrée performance !
La 304 remplace la 204Les 204 CC auront cependant une courte carrière (pour l’époque), car elles seront retirées du marché en 1970, après même pas 5 ans de commercialisation. Profitant du lancement de la berline 304 se positionnant juste au dessus de la berline 204, Peugeot décide en effet de faire bénéficier à son coupé et son cab des nouveautés parues sur la 304 : une face avant restylée façon 304 (et donc façon 504 sortie en 1968), et une évolution moteur portée à 1,3 litres et 65 chevaux. Pour l’occasion, ils deviennent donc 304 Coupé et Cabriolet : adieu donc 204, après 18 181 cabriolets et 42 756 coupés.
Chirac quant à lui optera pour la 304 Cabriolet !En ce début des années 70, la gamme Peugeot a autrement plus fière allure, avec la 204 (berline et break), la 304 (Berline, break, coupé et cabriolet), 504 (berline, break, cabriolet et coupé) tandis que s’annonce la 104 (prévue pour 1972) pour élargir encore vers le bas, et la 604 (prévue pour 1975) pour combler la gamme vers le haut. Peugeot devenu le n°2 du marché derrière Renault, avec plus de 500 000 exemplaires. En 1972, les 304 CC reçoivent une évolution moteur afin de présenter une version S plus performante, dotée de 74 ch (DIN), et qui remplacera totalement la version de base à partir de juillet 1973.
Malgré des ventes honorables, les 304 coupés et cabriolet quitteront la scène en juillet 1975, après 18 647 cabriolets et 60 186 coupés. Il faut dire qu’à cette époque, l’heure est moins à la fête : crise pétrolière de 1973 affaiblissant le constructeur, tandis que se prépare la remplaçante de la 304, la 305, prévue pour 1977 (lire aussi : Peugeot 305). La fusion avec Citroën et le rachat de Chrysler Europe, plus compliqués que prévu, et la seconde crise pétrolière de fin 1979 rendront Peugeot plus raisonnable, ne conservant dans sa gamme que les coupés et cabriolets 504. Il faudra attendre 1994 et le lancement de la 306 Cabriolet pour voir refleurir un tel produit dans une telle gamme (lire aussi : Peugeot 306 Cabriolet).
Aujourd’hui, ces 204/304 CC restent encore abordables, même s’ils suivent la tendance haussière du marché, et l’intérêt des quadragénaires pour les voitures de leur enfance. Mais il est encore possible de se faire plaisir pour des prix « relativement » doux, avec des véhicules fiables, robustes, ludiques et beaux. Ne tardez pas trop cependant : même les berlines et breaks commencent à intéresser les collectionneurs.
Sachez qu’un excellent livre consascré aux 204 et 304 vient de paraître aux Editions du Fil Conducteur, par François Allain, vous pouvez vous le procurer ici : Editions du Fil Conducteur
Cette maison d’édition atypique édite aussi le seul livre disponible sur l’aventure de la Monica (lire aussi : Monica 560)