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Hino Contessa : une japonaise aux origines françaises

PAUL CLÉMENT-COLLIN - 15 mars 2017

Contrairement aux idées reçues, les voitures françaises ont connu leur petit succès au Japon. Enfin au moins l’une d’entre elle, la Renault 4CV. Elle sera en effet produite par le constructeur nippon Hino sous licence entre 1953 et 1961 (lire aussi: Hino-Renault 4CV). Hino devra beaucoup à Renault pour sa première incursion dans l’automobile, mais les relations entre les deux constructeurs tourneront court, la brouille entraînant même la fin de leur collaboration en 1957. Pourtant, Hino continuera tranquillement à produire sa 4CV sans plus jamais payer de royalties. Pire, cette première voiture donnera naissance à une seconde, la Contessa, dont les origines Renault sont évidentes, notamment sur la première génération dite « PC ».

Dans cette première configuration, la Contessa n’est qu’une évolution de plus grande taille de la 4CV. Elle est en quelque sorte la Dauphine japonaise, et récupère le moteur « Billancourt » made in Japan, porté à 893 cm3 et développant 35 chevaux ! Le moteur est bien entendu placé à l’arrière, refroidi par eau, et l’on retrouve donc le coffre à l’avant. La ligne est originale, et n’a rien à voir avec Renault même si l’on retrouve quelques similitudes avec les productions de la RNUR. Une version coupé, dessinée par Michelotti, sera même présentée au salon de Tokyo 1962. Une version pick up, dénommé Briska, sera même lancée à destination des professionnels et des artisans japonais.

La Contessa 900 « PC » connaîtra une courte carrière, entre 1961 et 1964, mais sera produite à 47 299 exemplaires, soit bien plus que la 4CV nippone. Elle sera en outre produite sous licence en Israël, à Haïfa, par Autocars (lire aussi : Autocars). Entre 1963 et 1968, près de 8000 Contessa et Briska seront fabriquées là-bas.

En septembre 1964 apparaît la deuxième génération de Contessa, la PD. A cette date, la ligne « old school » de la PC laisse la place au dessin moderne de la PD signé Michelotti. Une ligne délicieusement rétro aujourd’hui, mais tout à fait dans l’air du temps à l’époque, avec ses feux avant rappelant la Corvair. Elle reçoit, toujours à l’arrière, le 4 cylindres GR100 de 1251 cm3 offrant 55 chevaux. En 1965, le coupé recevra, lui, une évolution du GR100 portée à 65 chevaux.

Dans la nomenclature Hino, les berlines prennent les noms de code PD100 (conduite à droite) et PD200 (conduite à gauche) tandis que les coupés, logiquement, s’appellent PD300 (RHD) et PD400 (LHD). Oui, vous avez bien lu : des conduites à gauche ! En effet, avec la Contessa PD, Hino va tenter d’exporter sa production. En Autriche, aux Pays Bas, ou en Suisse, on aura donc droit à la Contessa, ce qui explique que certaines (rares) circulent encore en Europe.

Elle sera elle aussi produite en Israël par Autocars, mais aussi assemblée en CKD en Nouvelle Zélande par Campbell Motors (environ 600 unités), qui assemblait aussi à l’époque des Peugeot avant de tomber dans l’escarcelle de Toyota. Au total, 55 027 exemplaires de la Contessa PD seront produits, dont seulement 3868 coupés, pourtant très désirable avec sa ligne fuyante. Toyota, ayant racheté Hino en 1967, décidera d’en stopper la production automobile pour ne garder que la production de poids-lourds.

Aujourd’hui, c’est presque trop facile, voire commun, de collectionner des Renault 4CV ou Dauphine. Etre original, c’est donc partir en quête d’une belle Hino Contessa, sur notre continent ou directement au Japon. Il en reste très peu de roulantes, mais on doit pouvoir en dénicher de beaux exemplaires. Le point fort de ces voitures : la finition largement supérieure aux Renault de l’époque – un classique chez les japonais déjà – ! L’idéal serait bien entendu de dégoter un coupé 1300S, avec son moteur plus puissant et sa ligne originale so 60’s. A vous de jouer !

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